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Thursday, February 04, 2010

Baudelaire, Sur l'Album d'une Dame Inconnue

Another poem signed by Alexandre Privat d’Anglemont, and created almost surely by Baudelaire (the same case with J'aime Ses Grands Yeux Bleus: the two of them were friends and Privat d'Anglemont was protecting his comrade of a possible blame from the readers, as probably Baudelaire was afraid the verses were mediocre! strange, isn't it? they were sharing the pathetism of their age).

As for the replica of Michèle Battut, the unknown lady has come poser devant son poète, while stubbornly keeping the mystery: we'll never know whether her lips were humid or not :) And what about her eyes, did they have any charm?

Actually we'll know it, because we stay behind her and so she becomes for us a referential, we perceive the universe the way she does. And what we see is that the world is charmed, and we understand that the charm comes from her eyes.

And I never cease to be astonished by the lithographs of Michèle Battut: here she employs the same artistic approach as in the experimental movies of Kimsooja (and as in the paintings of the Romantic Caspar David Friedrich): they all use the Sprecher, the silent, anonymous, mediator between us and the charm of the world.


Michèle Battut, Sur l'Album d'une Dame Inconnue, 1988
(https://www.idburyprints.com/)


Écrit sur l’album d’une dame inconnue

Vos cheveux sont-ils blonds et vos lèvres humides ?
Avez-vous de grands yeux à ravir l’univers ?
Sont-ils doux [et/ou] cruels ? sont-ils fiers ou timides ?
Méritez-vous enfin que je fasse des vers ?

Drapez-vous galamment vos châles en chlamydes ?
Portez-vous un blason de gueules ou de vairs ?
Savez-vous le secret des hautaines Armides ?
Ou bien soupirez-vous sous des feuillages verts ?

Si votre corps poli se tord comme un jeune arbre,
Et si le lourd damas, sur votre sein de marbre,
Comme un fleuve en courroux ruisselle en flots mouvants,

Si toutes vos beautés valent qu’on s’inquiète,
Ne laissez plus courir mon rêve à tous les vents,
Belle, venez poser devant votre poète.


(Baudelaire)

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2 Comments:


  • Cheval d’or et boeuf d’or, quittant le sol humide,
    Parcourent en volant l’azur de l’univers ;
    Ils y sont accueillis par trois lunes timides
    Qui saluent leur présence en récitant des vers.

    L’ange contemporain des Grandes Pyramides
    Dit des blagues datant de quatre mille hivers
    (Celles qui amusaient son esclave numide) ;
    Les bestiaux sont heureux de le voir toujours vert.

    L’étoile brille clair dans ce monde sans arbres ;
    Sans nul regret des sols de gravier ni de marbre,
    Chacun se laisse aller, dans les airs se mouvant.

    Moi, dès que je le peux, j’entre en un pareil songe ;
    Comme boeuf et cheval, dans l’azur je me plonge
    Et je me rêve ainsi, sur les ailes du vent.

    By Anonymous Cochonfucius, at 9:23 AM  

  • Grand merci!

    By Blogger Pierre Radulescu, at 3:24 AM  

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